posté le 04-09-2009 à 11:29:42

Une semaine bourguignonne

C’est le samedi 16 mai à 15heures, que Monique, Marc et moi  prenons possession de notre superbe gîte, « Le Vieux Poirier », au hameau Le Haut de Cray ; une longère magnifiquement aménagée où le bois et la pierre brute offrent un cadre fort agréable pour des marcheurs  plutôt adeptes de la sobriété.

On pourrait y loger dix personnes. Nous sommes trois.

  A notre arrivée, au grand désarroi du propriétaire, un essaim d’abeilles  y a déjà élu domicile. Elles n’accepteront  d’évacuer les lieux que par la force d’un puissant souffle d’air. Nous en profitons pour aller faire quelques courses à Salornay.

 

  Dim. 17 mai.

 

  Après une étude minutieuse d’un plan de la région, nous prenons courageusement le chemin en sens opposé. C’est sans doute la faute à la jolie petite église romane. C’est elle que nous avions en ligne de mire. Autour d’elle, tout conspire à vous inciter au farniente. Particulièrement ces jolies petites maisons la plupart du temps fermées, assoupies à l’ombre d’un bosquet. Il fait chaud.

  Après quelques centaines de mètres, nous devons nous rendre à l’évidence. On ne reconnaît pas l’itinéraire. Trois hommes, des chasseurs peut-être, nous conseillent de continuer. Après tout, ce n’était pas plus mal que ce que nous avions projeté.

   Pas sûr que c’était plus facile mais sûr que c’était plus long. Monter à l’assaut des pâturages en risquant à chaque fois de mettre le pied dans une bouse toute neuve, subir la compagnie de mouches bourdonnantes, mais, quelle vue sur le paysage alentour : A gauche, la sombre forêt de sapins ; à droite, des collines à perte de vue, pour nous rappeler que nous étions dans le Massif Central. De temps en temps, ces collines tendaient vers le ciel un clocher ou une antenne, ce qui permettait à Monique d’identifier tel ou tel village. Et nous débouchons sur Noireux. Un village très sympathique mais le temps presse. Nous nous arrêtons quand même à l’église du XIIe s.

   Et c’est le bitume. En plus, nous ne sommes plus sur la carte.

 

   C’est alors que nous faisons connaissance avec un personnage qui habite le « djebel » depuis 38 ans et qui n’a que très peu de contacts avec les « indigènes ». Néanmoins ses conseils nous permettent, après six kilomètres de Nationale, de rentrer au gîte. Après une bonne douche, en voiture sous l’orage, cap sur Mont St Vincent,sa superbe vue sur les Monts du Charollais, son église, son cimetière et son musée J. Régnier particulièrement intéressant en ce qui concerne la Préhistoire. Une collection de pointes de flèches, des objets du Néolithique et d’autres plus récents. Le conservateur, voulant participer à la Nuit des musées, a préféré ouvrir le dimanche ce qui lui a valu la présence d’un certain nombre de touristes. Il nous a expliqué le nom de la rue de la Grosse Pierre qui, il y a très longtemps aurait été le théâtre d’un terrible accident : Un énorme rocher aurait dévalé la pente et écrasé une jeune femme dont on n’aurait jamais récupéré le corps. Il s’agirait plutôt d’un éboulement…

 

  18h. Retour à notre gîte. Et si on s’offrait l’apéro au « Relais de La Croisée » ? On l’a bien mérité. Non ?

   Kathy n’a pas l’air enchantée de nous recevoir. Elle regarde ailleurs pendant que nous sirotons notre petit ballon de blanc. Pressée de nous voir partir ? Aller où ? Le bar d’en face est fermé. Alors, on décide de lui poser des questions ouvertes pour éviter les oui et les non laconiques qu’elle laisse tomber de ses lèvres fermées. Marc fait durer sa bière en contemplant les affiches de Dubonnet et autres boissons de jadis.

   Tout semble dit quand…

 

-Bonjour messieurs dames !

Ils sortent d’où ceux-là ?

Kathy sort de son rêve, mais sans en avoir l’air. Eux, ils semblent bien la connaître et ont bien l’intention de la titiller.

 Maurice, d’abord. Une sorte d’escogriffe, la tignasse en bataille.

 -Quatre vingt un ans, m’sieurs dames !

  Et çà, il le répètera quelques fois.

 -Ingénieur de marine, cinq ans de mer dont deux sur sous marin. Artiste maquettiste. Le Richelieu. Vous connaissez ? A l’échelle 1/20. En métal ! Je l’ai à la maison. Douze mille heures de travail ! Si. Passez le voir. Des médailles ? Plein. La dernière m’a été octroyée par le Président Chirac à l’expo de Meaux. Même que Maud Fontenoy, celle qui fait le tour du monde à l’envers, en a été verte de jalousie. Elle me snobe !

  Patrick, l’artiste peintre se contente de rire. Il peint sur métal dans son atelier de lycée professionnel. Il rit de bon cœur, fait des jeux de mots, invective, plaisante. De temps en temps en anglais puis en allemand, langue qu’il a apprise sur le terrain pendant son service militaire à Berlin.

  Apprenant que je m’intéresse à la peinture, il nous rapporte des photocopies qu’il avait dans sa voiture. Sur l’une d’elles on le voit à côté d’une Ferrari… en panne.

   Pas de sous pour la faire réparer ; alors, il roule en Mercedes.

Entre Temps, nos verres se vident puis se remplissent sans que nous puissions arrêter cet élan qui est si sincère. Kathy s’est vraiment réveillée. Elle participe, la bouche en cœur.

   Patrick au passage nous apprend qu’il attend un cœur. L’organe, le muscle. Par ailleurs, côté cœur, c’est plutôt le désert.

   Maurice, qui parle plus fort, salue les clients sans oublier la révérence, et enchaîne :

-         55 ans de mariage. Une femme modèle, deux filles qui ont épousé deux imbéciles. J’envisage de les déshériter.

Et le crémant de Bourgogne qui remplit les verres à peine vidés. Des fêtards, sympas, généreux, qui ont de l’esprit. Bref, des Bourguignons qui savent faire partager leur joie de vivre. Et tant pis pour les bien-pensants qui les trouveront un peu trop expansifs. D’ailleurs, notre octogénaire, estimant son portrait incomplet, laisse entendre que certaine jeune femme ne serait pas insensible à son charme et que… Mais, là, çà ne nous regarde pas.

 

Le mari de K est un homme affable, excellent cuisinier, peu enclin à exprimer ses sentiments. Pourtant, c’est sans détour qu’il avoue ne plus prendre plaisir à ce qu’il fait. Il envisage de fermer boutique. Ce serait une véritable perte pour la bonne cuisine.

 

Indifférents à tous ces petits drames qui se jouent dans le coin bar, un couple bien comme il faut nous salue discrètement avant de s’installer dans le coin restaurant. Il sera rejoint par deux dames d’un certain âge. J’ai l’impression que deux mondes se côtoient un peu comme les deux versants d’une montagne : nous côté soleil, bruyants à défaut d’être brillants,  ; eux, côté ombre, calme, recueillement, . Entre les deux une cloison peu imperméable au feu de la discussion.

 A 20h pourtant, nous décidons de passer de l’autre côté. Chez les sages. Pas pour longtemps. Maurice a choisi de déplacer le débat ou sans doute avait-il besoin d’un auditoire puisque Patrick était parti. Il n’a pas eu tort, le public était déjà chauffé. Au grand désespoir de Marc qui aurait bien aimé déguster son steak tartare dans le calme.

 Le steak tartare, on s’en souviendra longtemps, moi en tout cas. Magistral. Maurice dirait- du moins pour le sien- préparé avec amour. En effet, cela a eu pour effet de le faire tourner son moulin à paroles.

-         Vous en pensez quoi les minettes ?

   ….( minauderies)

-         Vous me connaissez, n’est-ce pas les mémés ?

-         (rires).

-         Blablabla….

 

Lundi 18 mai.

  10h45 : courses à Gourdon, près de Monceaux les mines. Village charmant (comme d’hab.) Une paysanne, (version XXIe s.) à la retraite,  nous parle de sa ferme qu’elle a dû laisser à un jeune en location. Ses filles ont fait leurs études à Paris et n’ont pas envie de revenir à la campagne. Néanmoins, elles ont choisi de devenir vétérinaires. Quant au fils, il a épousé une employée de banque. Que voulez-vous ?

-         En effet, que voulez- vous ?

 

Monceau. Centre-ville accueillant avec la raie au milieu. En fait, un canal débouchant sur un port minuscule, un embarcadère construit  à la fin du XVIIIe s. La cathédrale est de la même époque, de style néo roman. La mairie est très belle, rose bonbon.

Comme on est lundi, tout ou presque est fermé. Au café on accepte de nous préparer un capuccino. Nous y mettons le prix. Le serveur, un ancien militaire ayant servi à Berlin nous avoue qu’il n’aime pas préparer ce genre de breuvage. C’est pourquoi il le fait si cher.

 

 Après midi, marche autour de Cray.

Comme à notre habitude, nous prenons la direction opposée à celle programmée. C’est ainsi que nous nous retrouvons entre Command et Plaisance. Et c’est aussi pour aller jusqu’au bout de notre entêtement que nous allons vers Noireux. Nous découvrirons rapidement que le lieu ne nous est pas inconnu puisque nous y étions déjà dimanche…Par un autre itinéraire. Mais, il fallait que cette sortie soit inoubliable. Nous avons enjambé des barbelés, parfois on est passé en dessous. Il y a eu quelques accrocs dans la chemise ou dans la peau. Les photos nous montrent dans des positions bien « gênantes » pour notre dignité. Enfin…

 Noireux est fort sympathique. Que ce soit l’église, le cimetière, les petites maisons. Et bien sûr les habitants. Pour rentrer, d’ailleurs, nous avons fait confiance à un paysan du dimanche qui nous a  orientes vers un chemin que nous connaissions déjà, évidemment mais dans l’autre sens !

 Pour nous remettre de ces émotions nous voulions visiter Charolles. Le lundi tout est fermé comme la tête peu engageante de la tenancière du bar où nous avons joué au loto. La ville est probablement belle il faudra y revenir.

 

Retour au « vieux poirier », omelette aux pommes de terre, salade.

Repos.

 

Mardi 19 mai.

 

 

 

 

 

 

 

  
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 14:48:55

L'église de Cray

  L'édifice actuel date de 1150 environ. Il n'a pas subi de transformation majeure. La nef voûtée en berceau brisé avec doubleau sur dosseret la divise en trois travées.

  On passe dans la travée du choeur, là s'élève le clocher sur une arcade en berceau; la poutre en bois dite "de gloire", est un travail du XVIIIe s. Elle supporte un crucifix.

  L'abside, en hémicycle, voûtée en cul de four brisé, est éclairée par trois fenêtres profondément embrasées. Nous pouvons admirer les restes des fresques qui décoraient toute l'abside (elles sont d'origine et viennent d'être mises en valeur).

  Les murs de cette église romane font jusqu'à 1,50m d'épaisseur. Les ouvertures sont minuscules. Une porte percée au midi est en arc brisé. A côté, le bénitier est creusé dans un chapiteau du XIIe s.

La façade, sobre, est ornée d'un rectangle en saillie avec arcatures lombardes.

  Au centre, la baie en plein cintre avec voussures décorées et linteau nu.

L'archivolte repose sur 2 colonnettes dont les chapiteaux décorés représentent, l'un des pommes de pin, l'autre des volutes.

  Le clocher, carré à trois étages est fort joli avec ses bandes et arcatures lombardes en saillie. Les baies gemminées sont en plein cintre avec la retombée portée par deux colonnettes

 


Commentaires

 

1. refletdelalune  le 12-07-2009 à 23:29:13

Bienvenu sur Vefblog. Et bon courage pour ton blog. Bisous.

 
 
 
posté le 10-06-2009 à 21:32:50

Bourgogne 2009

Eglise de Cray

 

Eglise romane de Cray (71)

 

Liens

 


 
 
posté le 09-06-2009 à 14:42:30

Entrée en matière

Je me suis toujours méfié de ces courriers électroniques qui, trop souvent, mettent notre âme à nu face à tout un chacun, révélant ce que , oralement nous n'aurions jamais osé confier, fût-ce à nos intimes.

Alors, pour que je me jette à l'eau, il me faudra encore quelques jours, le temps de réunir les photos qui sont les véritables locataires de ce site.

Le sujet vedette sera: La randonnée en France.

 


 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article